Les logiciels libres

red hat Linux

J’ai appris ce qu’était un logiciel libre en avril 1997, alors que j’étais consultant à Montréal. Eh oui, lors d’un projet chez DMR, j’avais proposé à mon supérieur de connecter le réseau du bureau à internet à l’aide d’un coupe-feu (firewall). À cette époque, il était encore rare de connecter tout le bureau à internet. Un seul PC dans la salle des serveurs avait une connexion vers internet. Nous devions donc marcher jusqu’à la salle des serveurs et utiliser le seul et unique PC qui était branché sur notre gros lien internet 56 kbs pour faire nos recherches avec Netscape!

Mon supérieur aimait l’idée de brancher tout le bureau, mais il m’a demandé en combien de temps je pourrais mettre le tout en place. Du tac au tac, j’ai répondu que je pourrais tout configurer en moins d’une journée (étant jeune et très optimiste). Pour ce faire, je disposais d’un vieux PC, de 2 cartes réseau 3COM 3C309 et d’un livre sur Linux avec le CD de Red Hat 5.2.

L’installation de Linux s’est bien déroulée jusqu’au moment où j’ai activé le coupe-feu, moment où j’ai appris qu’une seule des deux cartes réseau fonctionnait. Pour ceux qui connaissent les coupe-feu, avoir deux cartes réseau est un minimum puisque celui-ci doit relier le bureau à internet.

Après avoir testé plusieurs combinaisons de carte 3C509, il était clair qu’une seule des cartes pouvait fonctionner à la fois dans un même PC et que c’était insuffisant pour mon besoin de coupe-feu.

Puisque Linux est un logiciel libre, il est livré avec le code source (les plans). J’ai donc ouvert le fichier source du pilote des cartes réseau 3C509 (situé ici pour les curieux : 3c509.c), à la recherche d’indices concernant une limitation de ce dernier. Je n’ai pas trouvé de limite dans le pilote, mais j’ai aperçu le nom d’un certdain monsieur Becker, celui qui avait probablement écrit le pilote des cartes réseau 3Com en plus de son courriel à la NASA. J’avais maintenant un contact à la NASA. ;-)

Puisque j’avais épuisé toutes les solutions à ma disposition et le temps alloué à ce projet, j’ai composé un courriel destiné à monsieur Becker, lui décrivant brièvement mon problème et lui demandant son avis. Le lendemain matin, en consultant mes courriels au bureau, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une réponse de monsieur Becker lui-même, alors employé de la NASA. Il me disait dans son message qu’il croyait avoir pu corriger mon problème. Il avait mis une nouvelle version du pilote sur un serveur de la NASA et il m’invitait à télécharger la version corrigée en plus de lui rapporter le fruit de mes résultats.

Quelques heures plus tard, je lui envoyais mes sincères remerciements pour cette correction, et mon coupe-feu fonctionnait enfin avec mes deux cartes réseau 3Com. C’est à ce moment précis (21 avril 1997) que j’ai appris la grande force des logiciels libres (open source). Pour ceux qui voudraient consulter la correction, elle a été notée comme ceci dans la source à la ligne 35 du pilote que vous trouverez ici.):

v1.10 4/21/97 Fixed module code so that multiple cards may be detected, other cleanups. — djb,

C’est donc à partir de l’aide obtenue pas monsieur Becker en avril 1997 que mon aventure avec les logiciels libres a débutée, et elle perdure encore aujourd’hui.

Depuis 1997, j’ai utilisé beaucoup d’autres logiciels libres et j’ai toujours été satisfait de leur rendement, qui ne repose pas sur des enjeux corporatifs ou marketing, mais plutôt sur la sécurité, la performance et la stabilité. Ainsi, encore aujourd’hui, je crois fortement à la nécessité d’utiliser des logiciels libres, que nous sommes tous libres d’améliorer ou de corriger, lorsqu’il est question d’infrastructures névralgiques au sein des entreprises et des gouvernements.

Salutations! Guillaume Bourque, mars 2019